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Nicolas Sarkozy se pose en avocat des artistes

A Marseille, le président revendique la défense des droits d'auteur comme la marque de son mandat.

Par Arnaud Leparmentier

Publié le 25 janvier 2012 à 13h10, modifié le 25 janvier 2012 à 14h49

Temps de Lecture 3 min.

Nicolas Sarkozy lors de son discours de vœux à la culture à Marseille, le 24 janvier.

C'était l'heure du bilan du quinquennat. Bien sûr, Nicolas Sarkozy a précisé que ce n'était pas à lui de le faire. Mais il l'a dressé, mardi 24 janvier, lors de ses vœux au monde de la culture à Marseille.

Pendant cinq ans, le chef de l'Etat a été brocardé pour son peu d'intérêt pour La Princesse de Clèves et sa propension à prononcer "Barthesse", le nom du sémiologue Roland Barthes, lors d'une remise de décoration à l'Elysée, à l'automne 2011. Mais, depuis qu'il est marié à Carla Bruni, il n'a cessé de vanter ses lectures, de conter les films qu'il a visionnés en DVD. Et Nicolas Sarkozy se veut résolument du côté des artistes.

PARADIS DU TÉLÉCHARGEMENT ILLÉGAL

Son combat, c'est le droit d'auteur. A Marseille, il a comparé le sort des créateurs à celui de Mozart, congédié "comme un laquais" par le prince-archevêque Colloredo en 1777. "La différence entre Mozart et le créateur contemporain, c'est le droit d'auteur. Aujourd'hui, les milliers de clics de pirates pourraient remplacer les caprices des princes", a expliqué le président, se disant "sidéré" que François Hollande, qu'il n'a pas cité, veuille abroger la loi Hadopi sur le téléchargement illégal. "L'absence de courage, c'est vous, les créateurs, qui allez la payer", a dit M. Sarkozy, accusant ceux qui ont peur de déplaire à la jeunesse.

Le candidat socialiste a fait de la finance son principal ennemi. Aux paradis fiscaux correspondent les paradis du téléchargement illégal, selon M. Sarkozy. "La culture n'a pas à souffrir de la déréglementation du monde nouveau. Veut-on absolument, par absence totale de courage politique, appliquer le même modèle (que la finance) à la culture ? Je m'y refuse", a déclaré le président.

21 % EN PLUS POUR LE BUDGET DE LA CULTURE EN CINQ ANS

Le président-candidat a fait montre de peu de compassion pour Kim Schmitz, le responsable de Megaupload, incarcéré par la justice américaine après la fermeture de son site de téléchargement illégal. Et de dénonçer une "économie mafieuse", dont les "annonceurs se font complices".

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Pour poursuivre sa politique, M. Sarkozy veut que les télévisions connectées, telle Google TV, participent au financement de la création artistique et souhaite créer une taxe sur les fournisseurs d'accès à Internet, pour financer la création musicale à travers un Centre national de la musique.

Le chef de l'Etat a défendu le budget du ministère de la culture, qui a progressé de 21 % de 2007 à 2012. Tout le spectre de la création a été balayé. Le spectacle vivant, un brin épinglé. "On ne peut pas avoir tant de création et si peu de diffusion", a-t-il dit, demandant l'adoption d'une "loi-cadre pour fixer responsabilités et engagements de chacun".

"PAS UN SEUL PROJET N'A ÉTÉ ARRÊTÉ"

La rénovation du patrimoine, en particulier des cathédrales : "Qu'on ne vienne pas me dire que cela vient heurter le principe de laïcité. On peut entrer dans une cathédrale sans être militant", alors que François Hollande veut inscrire la loi de 1905 dans la Constitution.

Et les innovations du quinquennat, comme le Centre Pompidou à Metz, ou le Pompidou Mobile, musée itinérant d'une quinzaine de chefs-d'oeuvre qui a commencé par faire étape à Chaumont (Haute-Marne), la ville du ministre de l'éducation, Luc Châtel ? "Si les gens ne vont pas au musée, ce sont les oeuvres qui doivent aller aux gens", a expliqué le chef de l'Etat. "C'est la spécificité française : nous considérons que les biens culturels sont des biens de première nécessité, au même titre que l'eau qu'on boit", a expliqué M. Sarkozy, qui a résumé son action : "Pas un seul projet n'a été arrêté." En dépit de la crise.

Le président se veut du côté des artistes, donc. Ce n'est pas son électorat. Il le sait. Il n'a pas fait salle comble, sur ce chantier du futur Musée des civilisations d'Europe et de la Méditerranée (Musem). Le tout-Paris était resté à Paris. Il y eut un gag à répétition, un spot électrique qui s'allumait et s'éteignait. Le président a émaillé sa prise de parole de remarques, avec un agacement contenu : "Que l'électricien reste bien calme, je ne parle que d'Hadopi." Et, en fin de discours, une femme l'interpelle. "Combien coûte ce genre d'événement ? C'est honteux !", lance-t-elle, avant de se faire expulser par la police.

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