Engagement au quotidien, surcharge de travail, stress… Quand le bénévolat mène aussi au burn-out
Le milieu associatif n’est pas épargné par l’épuisement des bénévoles même si le mot est rarement prononcé. Des perles rares à mieux fidéliser.
Le monde associatif peine depuis 2016 à attirer des bénévoles. La crise sanitaire est venue percuter cette fragile mobilisation. Selon une étude de France Bénévolat et de l’Ifop, le taux d’engagement associatif est passé de 24 % en 2019 à 20 % en 2020. Aujourd’hui, 11 millions de Français sont engagés. Autre enseignement de ce baromètre, toutes les générations sont concernées par cette baisse, surtout les plus âgées et les femmes plus que les hommes.
Les plus âgés se sont souvent retirés des associations, les plus jeunes ont favorisé un bénévolat direct, informel
, expliquent les observateurs de ce rapport. L’engagement ponctuel continue sa progression. À l’instar du monde du travail où sont finies les longues carrières dans une seule entreprise, les bénévoles migrent d’une mission associative à l’autre.
Ce nomadisme de l’expérience représente actuellement un tiers des effectifs. Un engagement qui peut maintenant être valorisé. En effet, France Bénévolat a créé le Passeport bénévole. Un outil qui permet à tout bénévole de rendre compte de son parcours dans le milieu associatif. Utile dans le cadre d’une recherche d’emploi ou d’une évolution professionnelle.
De bénévole aidante à bénévole « fatiguée »
Anne est trésorière d’une association sportive en région parisienne. Enfin, par intérim
, tient-elle à préciser. Ce poste, elle l’a accepté lors d’une réunion de bureau interminable où, faute de volontaires, personne ne voulait endosser la fonction. J’ai dit oui, pensant que je pourrais être vite remplacée… Ça fait trois ans que ça dure.
Résultat, la bénévole aidante est devenue une bénévole fatiguée
. Trop de responsabilités, de comptes à tenir, de mails à envoyer, de courriers auxquels il faut répondre. Je fais le boulot d’un comptable et d’une secrétaire réunis. Toute cette charge, c’est à vous dégoûter de l’engagement.
Et à vous faire craquer ? Si le burn-out est une réalité chez les salariés dans le milieu professionnel, existe-t-il chez des bénévoles dans le milieu associatif ? Ce terme n’est, pour le moment, pas apparu lors des discussions et réflexions dans nos commissions, explique Élisabeth Pascaud, référente Formation à la recherche et à l’accompagnement des bénévoles à France Bénévolat. Aujourd’hui, il est davantage question de surcharge et de partage des responsabilités, de prévention contre la démobilisation, de bonne préparation à l’entrée dans le bénévolat.
Connaître ses limites
Prévenir plutôt que guérir. Car pour éviter tout craquage des troupes, les responsables associatifs ont, en amont, des étapes à ne pas rater : mesurer le pourquoi et le comment de l’engagement du bénévole, l’aider à définir ses limites. Dans les structures de solidarité ou de soutien aux malades, on peut se faire envahir par ses émotions, son propre vécu et ne pas assez se protéger. Là, l’épuisement peut gagner.
Alors Élisabeth Pascaud préfère toujours rassurer les aspirants bénévoles : Même si cette volonté de bien faire est extraordinaire, il faut être réaliste : on ne peut pas vider un océan à la petite cuillère.
D’où l’importance pour France bénévolat d’accompagner les assos à entretenir la motivation des équipes, à fixer des objectifs plus que des résultats
, à prendre le temps d’expliquer un projet associatif aux nouveaux venus et de les écouter individuellement au fil de leur action.
Des bénévoles quittent des assos quand ils réalisent que tel ou tel aspect de l’engagement n’avait pas été assez anticipé
. Évidemment, sans passer par un contrat comme dans le milieu de l’entreprise, il est prudent de s’entendre sur les compétences dont l’association a besoin et l’apport de chaque bénévole.
Car si trop en faire use, pas assez aussi.